Comment faut-il vivre nos cultes en vue de la revitalisation de nos Églises ?     (David Brown)

 

Une Église en bonne santé est une communauté qui aide les chrétiens à grandir en tant que disciples. Comment nos cultes peuvent-ils y contribuer ? Actes 2.42 énumère plusieurs éléments pratiqués par l'Église primitive : ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. Mais faisons-nous tout cela lorsque l'ensemble de l'église se réunit chaque dimanche ? 

Avons-nous besoin d’un changement de paradigme en ce qui concerne nos cultes en vue de revitaliser nos Églises ?

En général, nos églises assurent un temps de louange et d'enseignement biblique. Mais je crois qu’il faut prévoir deux autres composantes lorsque tous les membres de l'église sont réunis, à savoir

        •           Un enseignement pratique sur la vie de disciple dans le contexte contemporain
        •           La prière les uns pour les autres en tant qu’Église dispersée au cours de la semaine suivante.

Cela est-il admissible ? Qu'enseigne en fait le Nouveau Testament à propos de ce que l’on appelle « un culte » aujourd’hui ? Voici deux pistes de réflexion à cet égard.

La première piste. Le culte est une attitude, et non une activité que nous faisons à un moment donné de la semaine. Voici les trois seuls versets du Nouveau Testament qui évoquent le mot « culte » :

        • Romains 12.1 : Offrez votre corps comme un sacrifice vivant, saint, et qui plaise à Dieu. Ce sera là de votre part un culte spirituel. (Version du Semeur) 
        • Philippiens 3.3 : Nous rendons notre culte à Dieu par son Esprit, et nous mettons toute notre fierté en Jésus-Christ – au lieu de placer notre confiance dans ce que l’homme produit par lui-même. (Version du Semeur)
        • Hébreux 12.28 : Attachons-nous à la grâce qui nous permet de rendre à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec respect et avec piété (Version Segond 21)

En effet, le seul vocabulaire utilisé pour désigner le moment où les chrétiens se rassemblent est tout simplement "réunion". C’est la traduction proposée par la version du Semeur :

        •            Actes 20.7-8   Le dimanche, nous étions réunis / à l’étage où nous étions réunis
        •           1 Cor 11.17     Vos réunions
        •           1 Cor 11.18     Lorsque vous tenez une réunion
        •           1 Cor 14.23     Imaginez que l’Église se réunisse tout entière
        • 1 Cor 14.26     Lorsque vous vous réunissez
        •            Héb 10.25       Ne prenons pas, comme certains, l’habitude de délaisser nos réunions

Cette compréhension ouvre de nouvelles possibilités pour nos cultes. Nous ne sommes pas « obligés » (par nos traditions ?) de nous limiter à la louange et à la prédication.

La deuxième piste. La pandémie du Covid a servi de révélateur (et d’accélérateur) de tendances sociétales qui étaient déjà en route et nous obligent à traiter de questions très pratiques auxquelles les chrétiens sont confrontés tout au long de la semaine.

Est-ce nouveau ? Je ne le pense pas. Alors que l'Évangile se répandait de Jérusalem dans tout le bassin méditerranéen avec sa culture gréco-romaine, les apôtres ont dû aborder des questions qu'il n'était pas nécessaire d'enseigner aux premiers croyants juifs. Par exemple dans 1 Corinthiens Paul développe une pensée chrétien sur le mariage et sur les viandes sacrifiées aux idoles. Un tel enseignement pratique était indispensable à ceux qui vivaient dans un contexte où les valeurs bibliques n'étaient pas la norme.

Qu’est-ce que cela implique ?

Pour des raisons pratiques et historiques, il n’est pas interdit, bien entendu, d’utiliser le mot culte pour désigner la principale réunion hebdomadaire de l’ Église, à condition que ce mot ne nous conditionne pas à penser uniquement à la louange et à la prédication et nous empêche de voir d’autres possibilités.

En effet, l'auteur de l’épître aux Hébreux exhorte les chrétiens à ne pas abandonner leurs réunions car par ce moyen nous pouvons nous encourager mutuellement et nous inciter à l'amour et aux bonnes actions. C’est la raison pour laquelle je crois que deux autres aspects devraient être inclus dans nos cultes, à savoir un enseignement pratique sur la vie de disciple et l’envoi des chrétiens en tant qu’Église dispersée, pour vivre leur foi tout au long de la semaine.       

  1.  L'enseignement pratique sur la vie de disciple

Alors que l'Évangile se propageait de Jérusalem à travers le monde romain, les apôtres ont dû aborder des questions spécifiques à chaque culture, comme la viande offerte aux idoles dans 1 Corinthiens chapitres 8-10.

De même, de nos jours, lorsque nous nous réunissons en tant qu'Église chaque dimanche, que devons-nous inclure dans notre enseignement ? Voici une liste de sujets que j'ai personnellement essayé de couvrir :

        •           D’abord, le fonctionnement de la société contemporaine : la pensée philosophique qui la sous-tend, la laïcité, la liberté d’expression, et des analyses de la culture actuelle (films, livres, séries télévisées).
        •           Ensuite, un certain nombre d’éléments historiques : les grandes lignes de l’histoire du christianisme, les personnalités marquantes (Augustin, Luther, Calvin, Blaise Pascal…), l’impact des missions et l’origine de nos différentes dénominations.
        •           Il a fallu également aborder des questions éthiques : l’écologie, le racisme, la guerre, la bioéthique, les enjeux que constitue le mouvement LGBT, le développement durable.
        •            Des questions plus religieuses étaient aussi au programme : un survol de l’islam et du bouddhisme, mais aussi des sujets de fond de la théologie évangélique tels que la transmission et la traduction des Écritures, et l’interaction entre la Bible et la science.
        •           Enfin, j’ai cherché à apporter une instruction pratique sur le comportement humain et la vie du disciple : la gestion de son temps et de son argent, le choix de ses loisirs et l’utilisation des réseaux sociaux, les addictions, le couple et l’éducation des enfants.

 

Comment faire concrètement ? Une possibilité est de suivre le modèle « conférences TED » que l’on peut regarder sur internet : en 10-15 minutes on présente un sujet de façon succincte mais intéressante, avec la possibilité d’un moment de questions / réponses ou de dialogues après la présentation. On ne peut pas tout dire, mais c’est mieux que rien. L’avantage  d’aborder ces sujets au culte, c’est que l’on va pouvoir toucher un maximum de membres de l’Église. Par ailleurs, le pasteur n’est pas obligé d’assurer cet enseignement tout seul : il peut faire appel aux membres de son Église (ou d’une Église voisine) pour qu’ils apportent leurs connaissances (par exemple, un légiste, un médecin, un professeur d’histoire..), ou bien il peut télécharger une intervention sur internet et l’utiliser comme entrée en matière du sujet.

Je crois que tout cela servira à fortifier chaque disciple dans sa vie tout au long de la semaine, mais aussi à l'aider à construire des passerelles vers les non-chrétiens.

        2)   L’envoi des chrétiens en tant qu’Église dispersé

 Il s’agit de l’activité missionnelle de l’Église. Ce mot souligne que nous sommes tous envoyés, et nous avons besoin de l'encouragement des autres pour être sel et lumière dans le monde qui nous entoure.

Voici trois façons possibles d'y parvenir :

        •      En partageant des enseignements bibliques et des expériences personnelles sur le travail, la famille et l'engagement social, par exemple.
        •      En aidant les membres de l'église à avoir une meilleure idée du contexte dans lequel chacun vit. C'est pourquoi l’auteur Neil Hudson propose d'inclure au culte chaque semaine un moment qu’il appelle « À cette heure-ci demain », une courte interview dans laquelle un membre de l'église parle de son travail, de son école ou de sa manière de vivre la retraite. De cette façon, on comprend mieux les défis quotidiens des uns et des autres.
        •               En consacrant du temps à l’'intercession, sous une forme ou une autre, avec des sujets de prière très spécifiques. Quelqu'un a peut-être un entretien d'embauche, ou un rendez-vous important chez le médecin. Quelqu'un peut demander la prière pour une voisine âgée, ou un étudiant pourrait évoquer un examen important qu’il doit passer. Ou encore un membre de l’Église a peut-être eu une bonne discussion sur l'Évangile au travail et demande de la sagesse pour la prochaine étape de son témoignage auprès de son collègue. Les besoins et les opportunités de la semaine sont illimités !

 


RTE20212

 

        

Pour approfondir cette réflexion sur le culte, je vous invite à lire un article que j’ai rédigé sur le sujet et qui a paru dans le dernier numéro (vol 20, No 2, 2021) de la revue Théologie évangélique. Il s’intitule « Culte ou rencontre hebdomadaire de l’Église locale ? ».